25 juillet 2017

Changements climatiques brutaux au 14ème siècle : famines et morts massives



En Europe, au 14ème siècle, 4 siècles de températures douces s'arrêtent brusquement. Les températures chutent et la famine s’installe, avec environ 10% de la population qui disparait.

Les catastrophes naturelles sont les plus dévastatrices, affirme William Rosen, surtout associées à l’inconséquence de l’homme, et son exposé lucide de l'interaction fatale des facteurs écologiques, agricoles, économiques et politiques qui ont mené à la grande famine de 1315-1322, devrait donner à réfléchir à quiconque pense que nous avons dépassé ce stade.


Bien avant que les hivers froids et les pluies exceptionnelles du début du 14ème siècle aient annoncé la fin de la période de douceur médiévale, l'Europe s'est développée dangereusement jusqu’à la limite de ses ressources. Quatre siècles de températures exceptionnellement douces (les plus hautes en 8 000 ans), ont poussé les agriculteurs du continent à cultiver de vastes surfaces de terres, autrefois impropres à l'agriculture. La profusion de denrées alimentaires a provoqué une explosion démographique et la population européenne a triplé.

Pour les sceptiques du XXIe siècle, qui citent les effets initialement bienfaisants du réchauffement médiéval comme preuve que l’augmentation des températures n’a pas de caractère de gravité, William Rosen répond en soulignant que le réchauffement médiéval est un phénomène qui n’a touché que l'hémisphère Nord. Il n’y a pas de preuves que les températures mondiales moyennes à l’époque étaient plus chaudes qu'aujourd'hui. En outre, la croissance alimentée par le réchauffement médiéval s'est révélée ensuite insoutenable.

« De plus en plus de terres marginales produisaient un pourcentage de plus en plus important de nourriture », note l'auteur. Lorsque ces terres marginales ont cessé de produire, en raison des gelées et des pluies diluviennes, il n’était plus possible de nourrir les centaines de milliers de bouches supplémentaires. Les révoltes et les guerres civiles ont exacerbé l'impact d'un quart de siècle sans précédent de conditions météorologiques terribles et de maladies mortelles pour le bétail. Deux récoltes consécutives déplorables, en 1314 et 1315, ont provoqué 7 années de famine, qui ont entraîné la mort de 5 à 12% de la population du nord de l'Europe.

Pour ne pas arranger les choses, les guerres médiévales détruisirent les récoltes et le bétail, à un moment où les deux étaient déjà dangereusement en pénurie. William Rosen nous rappelle que deux des pires famines de l'histoire se sont produites au 20ème siècle et étaient presque entièrement artificielles : la collectivisation forcée de Staline, qui a failli faire mourir quelque 5 millions de Russes, alors que près de 25 millions de Chinois sont morts de faim suite à la politique de Mao. Au moins, les attaques destructrices de Robert Bruce dans les fermes du nord de l'Angleterre avaient un but stratégique : détruire l'approvisionnement alimentaire de l'armée anglaise, dont elle avait besoin pour poursuivre sa conquête de l’Écosse.

Comme l'a fait Justinien, avec son large compte rendu de l’épidémie de peste bubonique qui a détruit l'Empire byzantin au 6ème siècle, Rosen utilise beaucoup d'informations, afin de créer un récit à plusieurs niveaux, même si parfois un brouillon. Il n'est pas démontré que les raids Viking ou William Tell, par exemple, sont tous les conséquences de la Grande Famine, mais W. Rosen est un formidable conteur. Ses récits vivants de batailles célèbres et ses croquis de divers personnages divertiront les lecteurs qui ne sont pas trop préoccupés par la rigueur thématique.

W. Rosen promeut l’idée selon laquelle les guerres perpétuelles, pendant cette période, provoquées par les gouvernements, ont accentué la sévérité de la Grande Famine, alors que les percepteurs d'impôt d’Edward II d'Angleterre confisquaient le fourrage pour l’armée. Alors que les communautés rurales devaient fournir de la main-d'œuvre pour les guerres, elles ne pouvaient produire de nourriture.

Les avantages de cette approche inclusive de Rosen, montrent la façon dont le commerce lucratif de la laine mettait les humains en danger de famine : «Le fait que la laine valait plus que le grain, signifiait que les terres pastorales dédiées à l'élevage de moutons se retrouvaient de plus en plus éloignées de celles utilisées pour cultiver les céréales, ce qui a éloigné les producteurs de fumier des terres cultivables, qui en avaient besoin». L’apparition d’un parasite en 1321 a ensuite décimé 70% des moutons d'Europe, alors que les habitants des villes dépendaient des excédents commerciaux générés par l'exportation de la laine, pour acheter leur nourriture.

Des gens sont morts dans les campagnes, mais surtout dans les villes d'Europe, où la Grande Famine a été apocalyptique. William Rosen fait de sombres descriptions de cadavres qui s'accumulent dans les rues, où jetés dans des fosses, le cannibalisme et l'abandon d'enfants. (Le conte populaire "Hansel et Gretel" est né pendant ces années). L'objectif de W. Rosen n'est pas de nous horrifier, mais de nous faire réfléchir.

"Une catastrophe déclenchées par une instabilité inattendue du climat, amplifiée par des nations agissant pour préserver leurs propres intérêts à court terme, résonne aujourd'hui", dit W. Rosen. Tout en nous décrivant les civilisations passées, il nous invite à regarder plus loin et à constater que nous vivons nous aussi dans un équilibre précaire avec la nature, dont nous exploitons témérairement les ressources, et que, comme nos ancêtres médiévaux, nous sommes très vulnérables à des changements brutaux de climat.

Wendy Smith

Source



Cet hiver, une chute de la production de légumes en Espagne a provoqué une montée des prix et une pénurie en Angleterre, l’Espagne réservant ses exportations aux pays payant en euros.

Cela va faire la 2ème année consécutive que les récoltes de céréales en France sont très mauvaises.

Des pluies brutales et torrentielles, des inondations ont lieu partout dans le monde.

Les météorologues non inféodés au système, annoncent un refroidissement rapide autour de 2020, il est déjà amorcé. Les fortes pluies, les inondations annoncent ce refroidissement. 

La globalisation des productions nous rend extrêmement vulnérable à la moindre pénurie. Le savoir faire n'existe plus que dans le pays producteur. Une rupture du flux sur un produit vital au reste du monde et c'est le drame, que ce soit des technologies ou de la nourriture.

Pourquoi créer en Europe du nord et en Russie des "Arches", afin de sauvegarder les semences ?

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