09 juin 2014

Par delà le bien et le mal

On voudrait que le mal soit banni du monde mais c’est l’une des faces de la réalité. Le mal ou les « ténèbres » existent éternellement en tant que pôle indifférencié de l’énergie universelle. Sans le Mal, le Bien ne pourrait avoir d’existence réelle. Sans l’Ombre, il n’y a pas de Lumière.

Les Ténèbres constituent la partie la plus secrète de l’Univers, où vivent des hiérarchies d’êtres dont la fonction est de s’opposer aux hiérarchies lumineuses afin de les aider à se sublimer par la lutte. La guerre entre les forces de la lumière et les forces de l’ombre est un jeu cosmique où chacun doit assumer son rôle en combattant sans réserve son partenaire opposé. Refuser cette lutte, c’est stériliser la vie. Donc, au plan universel, le Bien est l’accomplissement d’une sainte dialectique, une lutte éternelle entre deux principes opposés comme deux amants terribles.

Dans le monde manifesté, le bien et le mal sont des forces relatives en équilibre. Si l’on appuie d’un côté, on renforce l’autre afin que l'équilibre soit maintenu. La recherche du bien au plan terrestre accroît le mal dans la même proportion. L’humanité se croit du côté du bien, mais elle obéit aveuglément aux ordres du mal. Elle ne peut pas faire autrement.

Lorsqu’elle idéalise le bien terrestre, l’humanité ouvre la porte à un mal accru, comme dans le domaine scientifique où l’amélioration des conditions physiques crée un appel compensatoire pour de nouveaux malheurs.
Selon le code biblique, le Bien est un processus d’harmonie formelle, alors que le Mal est une énergie puissante et obscure qui apparaît déstructurante, donc inharmonieuse à nos yeux. Il n’y a pas de Bien absolu dans l’ordre terrestre, car le Bien supérieur se changerait en un mal terrifiant s’il libérait, dans un ordre terrestre qui lui est étranger, sa véritable puissance. On dit que Dieu est un feu dévorant, et cette analogie est expressive. On parle de « colère divine ». Dans le Livre de Job, Satan est présenté comme un serviteur de Dieu dont la fonction est d’éprouver la résistance de la conscience morale. Il agit donc pour renforcer le bien.

La connaissance réelle du bien et du mal est un tabou, car celui qui découvre la véritable fonction de ces deux partenaires énergétiques opposés devient « comme un dieu », connaissant le jeu des contraires. Sur le plan d’existence où elle se situe, l’humanité ne pourrait pas supporter de contempler la profondeur du Mal. On la laisse rêvasser à un « bien » sentimental superficiel car la vision du Bien absolu est réservée aux dieux capables d’intégrer cette puissance incommensurable.

Le Bien divin est une force sainte qui se protège de toute atteinte. Quant au mal, les soi-disant satanistes et autres amateurs de magie noire sont très loin d’en imaginer la nature réelle.

Remettre ces choses en perspective permet de ne pas s’identifier au « bien terrestre ». Remarquons que nous avons l’habitude de dire « c’est bien » pour tout et n’importe quoi, lorsque quelque chose nous convient. Pour nous, le bien c’est le confort, la sécurité, la paix, la prolifération matérielle ; le mal c’est ce qui brise l’existence routinière, la guerre, le danger, le changement, la mort. Nous considérons qu’une chose est mauvaise lorsqu’elle nous déplaît, qu’elle brise nos certitudes et nos espérances. La mort est mauvaise à nos yeux, mais c’est une grâce du point de vue céleste. Quant au bien idéaliste, la philosophie de l’humanisme, il nous enferme dans nos cristallisations terrestres, et se transforme en un mal qui devra être brisé par les puissances de régénération que nous appelons mauvaises.

Il faut donc nous déconditionner de nos préjugés sur la nature du bien et du mal, croyances issues d’une interprétation inversée du sens réel des écritures sacrées.

LA PREUVE PAR LA BIBLE HÉBRAÏQUE ?
 Le bien se dit Tov. Les lettres qui structurent ce mot expriment un processus cellulaire répétitif. On dit qu’une chose est bonne parce qu’elle est formalisée. Le bien est donc tout ce qui prolifère, ce qui dure et satisfait la pulsion naturelle vers l’expansion des formes. Le mal se dit Raa. Les lettres de cette équation expriment un perpétuel changement interne.
On dit qu’une chose est mauvaise lorsqu’elle menace l’ordre sécuritaire dans notre univers psychique. Nos fausses idées sur le bien et le mal sont des illusions qu’il convient d’identifier, non en prenant le parti du mal de manière réactive, mais en observant notre tendance à confondre ce qui nous libère et ce qui nous aliène. Par exemple, l’humanitarisme part d’un bon sentiment mais il entraîne une réactivation de la misère sur une échelle supérieure. Quant à lui, le pacifisme renforce la tension de guerre. En voulant bloquer l’expression naturelle de la décharge des tensions au nom d’un bien idéal qui serait la paix, il va déchaîner une terreur refoulée, etc, etc. Chacun peut observer ce processus dans le monde et dans sa vie s’il est vraiment en recherche de la vérité et non d’une bonne conscience.

LA TYRANNIE DU BIEN
Il reste à redire qu’au plan humain rien ne justifie de nuire à autrui « pour son bien ». A contrario, rien n’oblige de « faire le bien » sur une base sentimentale et humanitaire. Notre civilisation se dirige vers une tyrannie du bien qui attirera une réaction contraire, un cataclysme de vengeance naturelle de la part des forces refoulées. Ceux qui nous dirigent savent que le cœur humain est sensible à la séduction de l’amour sentimental. Aussi essaient- ils actuellement d’orienter la civilisation vers une sorte de religion de la bonté – ce que le Nouvel Âge nomme amour inconditionnel.

Cet amour superficiel et idéaliste peut à terme générer une barrière énergétique autour du monde, ce qui empêchera les forces divines de transformation de pénétrer librement dans notre atmosphère. On peut imaginer sans peine que cette lutte est inégale et qu’au final la résistance de l’humanité cherchant à éviter le « jugement de Dieu » sera brisée.
L’Amour venu de l’espace universel cherche une voie dans nos cœurs. Ouvrons-lui la porte, même si cela est une tempête qui anéantit les convictions et le blindage sécuritaire de notre moi mortel. Refusons de nous joindre aux masses sentimentales qui veulent bloquer l’action de la justice et de la vérité pour protéger un ordre terrestre condamné.

« Qui vous a appris à fuir le jugement qui vient ? » demande le prophète. Ce sont vos « gardiens », si pleins de bonnes intentions...

Joël LaBruyère
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